Thérapie ou pas thérapie ?
Je sais pas pour vous, mais moi j'ai commencé à fréquenter des thérapeutes en 2019. Joyeuse coïncidence ou non ça tombait juste avant le Covid, dans une ville que je connaissais très peu, après la fin d'une relation catastrophique et inachevée.
Ce fût un long et tortueux chemin de croix pour réussir à trouver le bon psy : avec qui le feeling passait bien mais aussi avec qui j'arrivais à avancer. même à pas microscopique. même sans savoir dans quelle direction je me dirigeais. Femmes d'abord, hommes ensuite, psychologues dans un premier temps, puis psychiatres et enfin un passage par les sophrologues. Les spécialités divergent aussi beaucoup, tout comme les types de thérapie que vous recherchez avec leurs maîtres à penser distincts et souvent particulièrement contradictoires.
Ce que j'ai pu observer depuis 2019, c'est que parler de thérapie et de psy devenait de plus en plus commun et facile pour tout le monde : les créneaux dédiés à la thérapie envahissaient les agendas de beaucoup d'entre nous. La société commençait alors à comprendre que la dépression généralisée était latente, et que nous pouvions "prendre du temps pour nous" sans culpabiliser. Bien sûr que cela reste un luxe pour les plus privilégiés d'entre nous mais le sujet arrivait enfin sur la table.
Le covid a eu un effet accélérateur inouï sur ces questions : tous les médias en parlaient, des tas de statistiques sortaient pour plonger dans notre malheur à la fois collectif et si personnel. Je me souviens avoir été sidérée par le nombre de personnes et d'institutions qui semblaient découvrir le mot "dépression" et "crises d'angoisses". J'admets avoir un air cynique en décrivant la soudaine popularité de la dépression mais comprenez que durant un an, j'ai surtout eu l'air folle et complètement inadaptée à la société sans aucune indulgence. Alors bon, navrée de ne pas avoir été impressionnée par la découverte choquante que les jeunes en France vont très très mal.
Depuis cette période j'ai erré pas mal voire énormément et j'ai cherché la bonne personne pour me remettre d'aplomb, pour que je redevienne la femme que j'étais avant, pour fixer et soigner les dysfonctionnements en moi. C'était ce qui me semblait être la voie à suivre pour guérir : redevenir la moi d'avant avec son envie de vivre et de rencontrer du monde, celle qui ne vivait pas que dans sa tête mais aimait s'aventurer au dehors. Malheureusement j'avais beau espérer et souhaiter qu'une thérapie fonctionne sur moi, je ne parvenais jamais à être rigoureuse et me rendre à tous les rendez-vous comme il l'aurait fallu. Si les thérapeutes peuvent ne pas nous aller, on doit aussi s'astreindre à suivre une certaine discipline et constance dans les rencontres prévues.
Durant plusieurs années j'ai pratique la technique de l'autruche, c'est à dire que je rentrais bien profondément ma tête dans la terre quand il s'agissait de reprendre un rendez-vous psy, m'y rendre et suivre la thérapie : en gros je voulais disparaître pour ne plus avoir à répondre à ces psy. Dans ma tête, esquiver ce psy signifiait éviter de me confronter à mes travers et tout ce qu'ils engendraient dans mon quotidien : en gros ne pas me remettre en question.
Mais je dois vous l'avouer : éviter de travailler sur nos traumas et nos biais cognitifs n'aide pas à terrasser les périodes dépressives ou les crises d'angoisse. Bien au contraire, mes crises réapparaissaient bien plus fréquemment dans mes périodes d'autruche, puisque je m'entêtais à oublier d'où elles provenaient. Un jour je reviendrai aussi sur le jour où j'ai cessé d'aimer les douches mais avant ça, je dois continuer de guérir tout le reste avec ma nouvelle psy.
Car oui depuis la rentrée j'ai réussi à découvrir la thérapeute qui me fallait, avec la technique d'EMDR qui me convient également. Cette rencontre a pas mal secoué les choses que je croyais acquises et naturelles, mais m'aide à me projeter différemment pour l'année à venir. Et pour une fois, l'autruche qui est en moi ne réapparaît pas.