Déconstruire mon schéma sensuel

Pourquoi est-ce que je passe sans cesse par la case « baiser avec un mec random » dès que je pose mes pieds à Paris ? Cette ville explose ma libido autant que mes envies de conquête et de séduction, je voudrais en être mais surtout comprendre la société parisienne.

En baisant j’essaie de me convaincre que je suis objectivement attrayante et intéressante, et que je suis légitime à m’en servir à mon avantage. 

En fait c’est mon cocktail de prédilection, ma zone de confort personnelle, me réfugier dans un hôtel devenu familier comme dans mon terrier, et repartir de l'avant.

J’aurais souhaité mettre en application tous ces textes que j’écris depuis toutes ces années, pouvoir me passionner en priorité sur tout ce qui diffère du sexe.  Le féminisme et l'idéal de mon indépendance totale me collent à l’esprit sans discontinuer, alors je devrais pouvoir l’appliquer dans mes actes et dans les choix que je prends quotidiennement.  

J’accorde une importance disproportionnée aux hommes et à leur opinion de moi et c’est une souffrance quotidienne d’en être presque prisonnière depuis autant d’années. Un mec équivaut à un succès personnel ce qui est dramatique en soi, ça réduit qui je suis à ce que j'offre ou à comment je paraîs. Même si je peux également l’analyser différemment :  ça entraîne une histoire différente à raconter à chaque fois.  Je rencontre  et j’échange avec des personnes qui me font m’interroger sur un tas de trucs pas toujours faciles à percevoir par moi même. 

En enchaînant les mecs j’essaie de me rappeler de chaque détail, des orgasmes ou non, des positions que l’on a pu tenté pour croire que ce n’était pas des erreurs, qu’il y avait un sens profond  dans ces relations.  Je tente de me persuader que c'était utile et que ça finit toujours par m'inspirer.

Alors j’évacue tout ça en écrivant et en déchargeant mon esprit de toutes ces rencontres et relations (in)achevées.  Je fais sortir ces souvenirs et ces sensations pour que tout ça n’envahisse pas mon esprit et que mes sentiments surviennent pour tout biaiser.  Je refuse que les hommes continuent de me créer des réflexes et des traumatismes supplémentaires, que ça devienne invivable pour moi d’être normale et agréable, alors il me faut en faire quelque chose de ces histoires.

Histoire de les déposer ailleurs qu'en moi.

Une routine bien malheureuse pour  satisfaire un besoin pathétique mais viscéral d’affection.  j’écris des banalités qui n’ont leur place nulle part mais cette pratique me permet de regarder complètement ma bêtise en face.  Je théorise une pratique masochiste de consommation du sexe et des hommes qui a eu trop de conséquences négatives sur moi et ma santé autant physique que mentale. 

Les hommes ne prennent pas toujours soin de moi pourtant.  Ils me giflent, mordent, griffent, fessent, ils font tout ce que l’imaginaire hétérosexuel considère comme viril et ça les fait bander de plus belle.  Je me demande parfois pendant l’acte, qu’est ce qui les attire dans tous ces actes violents ou du moins dans cette bestialité supposée fun et attrayante ? Pourquoi le sexe hétérosexuel doit-il rester perpétuellement dans le domaine de la violence après toutes ces années et supposées remises en cause ? 

Beaucoup de personnes compétentes ont expliqué cela par le besoin et l’envie de conquérir la femme et son corps, la rendre docile et pouvoir la posséder entièrement jusqu’à dans sa chair.  C’est une explication qui rentre aussi dans la définition du mot patriarcat et le rend concret dans nos vies de tous les jours, dans notre intimité. 

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