François, Olivier, Marine et les autres
Alors que la candidate du RN ainsi que son parti viennent d'être reconnus coupable de détournement de fonds publics en lien avec les fameux assistants parlementaires européens du parti. Ce verdict vient finalement punir un procédé ayant opéré entre janvier 2004 et fin 2016 prouvant de fait un fonctionnement planifié, organisé et connu au sein du parti pendant plus d’une dizaine d’années. Cette décision marque un tournant car elle condamne un système politique organisé et sa dirigeante historique qui demeure toujours au centre dos débats politiques.
Les débats publiques se sont ensuite évidemment enflammés après l’annonce rendue par les magistrats en charge de l'enquête ce 31 mars vers midi. Depuis la France Insoumise jusqu'à François Bayrou qui n'est autre que le premier ministre du pays, on pointe du doigt la décision judiciaire et les conséquences extra-ordinaires et politiques sur la dirigeante de l'extrême-droite française.
Dans un État de droits où la séparation des pouvoirs judiciaire et politique semblait constituer un fondement indiscutable, force est de constater que la parole judiciaire est confisquée par les débats incessants et inutiles ainsi que par les lubbies du personnel politicien. Une façon de faire assez similaire à tout ce que peut faire Donald Trump ou les Républicains aux États-Unis. C'est devenu "un procès politique" ou encore « une attaque contre la démocratie » alors qu'il s'agit à l'origine d'une violation des règles parlementaires par le Rassemblement National.
Ce qui devrait être souligné également est à quel point les arguments de défense de l'extrême-droite sont devenus acceptables et diffusés massivement au sein des médias français, au point même que ce mardi 1er avril, ce n'était pas moins de 9 personnalités d'extrême-droite qui intervenaient sur les matinales en radio. Marine Le Pen était même invitée au journal de 20 heures de TF1 le soir même pour réagir à sa condamnation et s’émouvoir de la peine tout en esquivant les rappels et le contradictoire du journaliste Gilles Bouleau.
Le pouvoir judiciaire a même été contraint à l'issue du procès de se protéger et adapter son fonctionnement puisque les magistrats ont été menaces de mort à de multiples reprises et parce que les députés eux-mêmes ont largement commentés ce verdict. Les échéances électorales de 2027 notamment se sont incrustées dans le débat marquant de fait la collision entre le fameux pouvoir politique et judiciaire. La cour d'appel de Paris a ainsi dû préciser le calendrier de l’appel déposé par Marine Le Pen un jour à peine après le verdict officiel.
Quand tant de litiges et violences retardent la justice française, Marine et ses camardes d’extrême droite parviennent à être entendus en priorité par l’ensemble du système légal et médiatique français. Drôle de conception de la démocratie mais soit. Le retournement de veste sur la sanction exemplaire et l'éthique impeccable des responsables politiques de la part du RN est à ne pas reproduire chez soi : seuls les professionnels en sont capables.
En effet, la patronne de l’extrême droite s’est positionnée à de nombreuses reprises pour la tolérance zéro pour les politiques mis en cause par la justice. En 2004 lorsqu’Alain Juppé a été condamné pour l’affaire des emplois fictifs à la mairie parisienne, Marine Le Pen avait déclaré notamment : “Tout le monde a piqué de l’argent dans la caisse sauf le Front national, et on trouve ça normal ?”. En 2013 ensuite elle a ensuite plaidé pour l'inéligibilité à vie pour les élus condamnés, au moment de l'affaire Cahuzac. Si jamais cela ne suffisait pas à vous convaincre, la patronne du RN critiquait en 2018 la Cour européenne des droits de l’homme tandis qu’aujourd’hui elle se tourne sans broncher vers la saisine de cette même institution pour contester la justice.
Cette décision évidemment basée sur le droit français et ses règles d'application a reçu une portée internationale exponentielle puisque Donald Trump, Elon Musk, Victor Orbán ou encore la Russie qui ont tous réagi unanimement pour la condamner. Une réaction unanime de la part des Avengers de droite qui devrait d'autant plus nous rassurer sur le bien-fondé de cette décision judiciaire.